Quelques pas vers le Classissisme

Huile sur toile – « L’enfance » – 100 x 73 cm

 

Vers la fin des années 80, Philippe Clicq s’est acharné dans une longue série de toiles, à laisser émerger librement un thème multiple et obsédant, décorum vacant de corridors, coulisses, vestibules, antichambres, démesurés, où d’immenses tentures lourdes jetées sur de faux palais ruinés ou de vrais théâtres abandonnés semblent étouffer les jeunes personnages solitaires et nus qui les habitent.

Les étouffer mais pas les tuer. Ils ne sont pas ces visiteurs ou ces voyageurs égarés, piégés par la mortelle beauté de ces mises en scènes grandioses, qui se laissent guider dans ce labyrinthe de colonnes, de stèles, de socles, entiers, brisés, droits ou tombés à terre, vers une mort certaine et invisible, toujours masquée par ces tentures. Ils ne sont pas, nous, qui regardons ces toiles, ils sont les locataires éternels de ces limbes sépulcrales et olympiennes.

Huile sur toile – « En attendant Kipling » – 73 x 60 cm

On pourrait penser que Philippe Clicq s’est complu aux difficultés techniques, monochromies, lumières rasantes, matières, accumulations.
Désordre parfait plutôt que parfait désordre, détails de luxe plus que luxe de détails. Penser que le peintre s’est complu à peindre, tout simplement, avec jubilation, et avec plaisir, pour la peinture même, car cela se sent. cela étant, car cela est l’étrange unité silencieuse et unanime des toiles de cette période, ne peut masquer qu’une réelle nécessité guidait les choix de cette époque.
Cette période semble être l’articulation de la carrière de Philippe Clicq, car depuis, il est revenu au monde réaliste et contemporain, par lequel il a débuté.

Texte de Patrick Cassani